28 Sep Julie Suchestow, professeur de danse hip-hop et contemporaine
– Pouvez vous vous présenter ?
Je suis danseuse et enseignante. Jour après jour, j’essaie de transmettre la subtilité de la danse Hip-hop mais aussi de la danse Contemporaine. Je suis également formatrice dans des sections pré-professionnelles. Je participe à différents projets chorégraphiques en tant que danseuse et chorégraphe. Mais surtout j’essaie d’enrichir à titre personnel ma danse et ma créativité. Je suis d’abord et avant tout furieusement curieuse de cette pratique. J’apprends tous les jours. Je suis également slameuse, j’écris et dis des textes poétiques.
– Nous définir précisément votre métier ?
Mon métier consiste à construire des liens. Ils sont bien sûr de nature multiples. Liens entre lʼesprit et le corps, entre l’oreille et la musique, entre le corps et l’espace, entre le professeur et lʼélève, entre le parent et l’enfant, entre la créativité et la réalisation…
– Quʼenseignez vous à la Compagnie Maya ?
J’enseigne la danse Hip hop et le slam. Je propose aussi des ateliers Hip hop Parent-Enfant dès 5 ans.
– Comment se sont passés vos premiers ateliers ?
A vrai dire je n’ai jamais eu peur d’enseigner. Ça m’a toujours semblé logique de partager et d’expliquer ce que j’ai moi-même compris… Cʼest aussi grâce à la culture Hip-hop car elle a demandé à ma génération d’être autodidacte et donc extrêmement reliée à nos sensations, nos expériences. Toujours expérimenter… cela rend lʼapprentissage très concret, intuitif et ça permet de le restituer aisément.
– Quelles sont les qualités à avoir pour travailler avec les enfants ?
Lʼécoute, la bienveillance, la rigueur, la continuité du cadre, être un supporter invétéré ! Y croire plus qu’ils n’en sont capables…
« Ok tu crois que tu ne peux pas, tu ne te fais pas confiance… très bien, alors fais-moi confiance, on va travailler ensemble, essayer
encore et encore, on va trouver… parce que moi, je lâcherai pas l’affaire pour toi ! »
– A quoi faut-il faire attention ?
Ne pas être trop rigide… parfois il faut faire des entorses à son propre cadre et relâcher la pression. Je crois aussi que les enfants ont un don pour repérer les incohérences des adultes. Alors j’essaie d’être cohérente, de leur dire la vérité ; comme ça, ils peuvent me faire confiance… quand c’est bien, c’est bien ; quand cʼest pas bon, ce n’est pas bon. Et on recommence. Je suis très attentive au découragement, à la désespérance. Si je la remarque chez un élève, je la combats avec toutes les armes qui sont à ma disposition.
– Comment dirige-t-on un enfant dans la pratique de la danse ?
On le dirige comme on peut avec nos forces et nos faiblesses. Mais surtout on nourrit sa soif d’apprentissage. On le challenge !
On le cultive en lui racontant lʼhistoire de cet art ! Et on ne le met pas seulement en position d’élève, mais on lui demande régulièrement de créer sa danse de l’expérimenter, de s’approprier la technique à travers sa créativité. Pratiquer seul, être autonome, c’est le cours le plus puissant au monde ! J’aimerais d’abord et avant tout leur apprendre cela !
– Quels sont vos échanges avec les parents ? les enfants ?
Ils vont bien au-delà de la danse. Ils sont profonds et sincères. Parce qu’on à tous envie (l’enfant, les parents et le professeur) de participer au bonheur et à lʼépanouissement de cette nouvelle vie si fraîche, si maléable. On espère tous apporter notre pierre à l’édifice et que lʼenfant soit heureux.
– Quels sont les bienfaits du Hip-hop pour les enfants et leurs parents? Quʼest-ce que la danse apporte ?
Dʼabord, ça remet les choses à leur place. La danse, ce n’est pas simple, c’est de l’effort… et maintenant si quelqu’un en doutait, il n’en doute plus. Ensuite, je pense que cette difficulté remet tout le monde sur un pied dʼégalité. Et ce pied dʼégalité est nécessaire parfois. Ils sont tous en position de découverte. Ils sont un peu comme dans une maison en train de se balader tout nus. Cʼest gênant au départ, mais ça finit par être drôle ! Et lʼhumour, la musique, le rythme soutenu… pousse tout le monde à se dépasser, à lâcher prise. Cʼest bien, c’est bon ! On repart les joues rougies, le souffle revigoré comme après les gifles iodés de lʼocéan ! On repart en famille !
– Quʼaimez-vous le plus dans votre métier de professeur de danse ?
J’aime les voir devenir aussi passionnés que moi !