01 Fév Découvrez Sophie d’Olce, directrice artistique de la Compagnie Maya
– Pouvez-vous vous présenter ?
Je suis Sophie d’Olce, directrice artistique de la Compagnie Maya et maman de 2 enfants. La Compagnie existait avant leur arrivée, mais celle-ci a pris tout son sens à ce moment-là !
– Quel est votre parcours artistique ? Comment avez-vous commencé ?
J’ai commencé par le théâtre en tant que comédienne dans des spectacles classiques ou contemporains pour un public adulte. Puis, petit à petit, après une première proposition d’un spectacle pour enfants, j’ai trouvé ça génial et je me suis ensuite arrangée pour toujours jouer dans des spectacles jeune public. D’ailleurs, plus le temps avançait, plus je ciblais des tranches d’âges de plus en plus jeunes ! Des lycées, je suis passée aux collèges pour enfin me diriger vers les écoles primaires puis maternelles !
C’est aussi par la rencontre de comédiens sourds que j’ai commencé à m’ouvrir à la Langue des signes française, puis après être devenue maman, à la Communication gestuelle pour les tout-petits. J’ai ensuite voulu associer mes passions à la Compagnie Maya, en créant une sensibilisation à la Langue des signes et des spectacles pouvant réunir les deux types de publics, sourds et
entendants : avec des spectacles visuels ou bien bilingues Français oral / Langue des signes.
– Comment est née l’association ? Pouvez-vous nous en dire plus sur la Compagnie, son développement ?
La Compagnie Maya est née pour produire et diffuser des spectacles jeune public, les ateliers ne sont arrivés que par la suite. C’est grâce au hasard de la vie, aux rencontres que, petit à petit, est née la Compagnie Maya. Les demandes en terme de spectacles et d’ateliers n’ont jamais cessé d’augmenter. Tout s’est enchaîné et continue de s’enchainer naturellement, l’effet boule de neige existe ! Finalement, la Compagnie Maya n’a pas eu besoin de faire tellement de démarchage. Les gens sont venus vers nous plutôt rapidement autant pour les spectacles, que pour les ateliers.
– Comment définiriez-vous la Compagnie Maya ? Ses valeurs ?
La Compagnie Maya est une association à taille humaine. Il serait par exemple possible de produire le même type d’ateliers dans chaque arrondissement de Paris, mais ce n’est pas du tout l’objectif. Il est fondamental pour nous d’avoir une relation de qualité, des échanges, un suivi avec les familles et les enfants. Je connais certaines familles depuis plus de 10 ans et je me réjouis d’accueillir aujourd’hui les petites sœurs et petits frères.
Pour les spectacles, c’est un peu différent : aujourd’hui ils se déplacent partout en France, dans tous les lieux consacrés à l’enfance ou la petite enfance. Mais je ne souhaite pas que 25 spectacles tournent en même temps ! L’objectif est que chaque spectacle vive, qu’ils se jouent régulièrement et que notre équipe reste soudée en travaillant avec un petit nombre de comédiens. Nous sommes une vraie troupe d’artistes.
Concernant nos valeurs : la bienveillance, le ludisme, la qualité, et la créativité représentent notre Compagnie. Nous tentons toujours de grandir en nous disant que « rien n’est jamais acquis », qu’il est primordial de savoir se remettre en question, travailler et évoluer.
– Comment se sont passés les premiers ateliers ?
Au départ, la Compagnie Maya intervenait dans des écoles du 11e arrondissement de Paris avec des ateliers de Théâtre. C’est une enseignante d’une de ces écoles – dont j’avais la fille en atelier théâtre – qui souhaitait vivement l’inscrire à la rentrée suivante, sa fille étant enthousiaste et passionnée. Après de longues recherches de lieux et de salles, j’étais déjà très attachée à organiser les ateliers dans un vrai théâtre, c’est le Théâtre Pandora Bastille qui a accueilli les deux premiers ateliers de la Compagnie Maya.
Petit à petit, le bouche à oreille a fonctionné : les copains, frères et sœurs souhaitaient s’inscrire à leur tour. L’année suivante, la Compagnie est passée à 4 ateliers, puis à 16 ateliers la 3e année… Je dirais que c’est le bouche à oreille qui a créé la Compagnie Maya !
– Quelles relations entretenez-vous avec les professeurs, intervenants et comédiens de la Compagnie Maya ?
Ce qui est très important, c’est le dialogue : nous travaillons tous ensemble. Dès notre rencontre, je mets un point d’honneur à découvrir les intervenants humainement et pas que sur les compétences et missions professionnelles. Nous avons beaucoup de discussions sur la mise en place concrète des ateliers, des retours sur chaque spectacle, des bilans. Il est aussi important de discuter des élèves si certains doivent être accompagnés, si les parents doivent être contactés. Toujours dans l’intérêt des enfants.
L’objectif est que tout le monde travaille dans de bonnes conditions (de vrais théâtres pour les cours de théâtre, de vrais studios de danse pour les cours de danse…). Que les bonnes conditions soient réunies à la base pour que tout se passe au mieux. Par exemple, lorsque l’on travaille sur les spectacles de fin d’année avec les intervenants, nous ne donnons pas les rôles par hasard aux enfants ; c’est en fonction des personnalités, des âges, des « besoins » de chacun.
Cela pour aider la confiance en soi, être rassuré. Selon les énergies et compositions de groupes, les choix sont à chaque fois différents. Nous pouvons partir d’improvisations avec les enfants, ré-adapter un conte, un album jeunesse ou une pièce existante. Et les textes que nous proposons aux enfants ne sont jamais plaqués, mais adaptés selon chaque groupe.
– Quels sont vos échanges avec les parents ? les enfants ?
Toujours dans le même esprit, je prends le temps d’échanger selon les besoins, de créer une atmosphère de confiance, car pour certains enfants, il est nécessaire de faire des retours très régulièrement.
– C’est comment de diriger une compagnie artistique pour enfant et d’être maman ?
Tout s’imbrique ! Être aussi maman enrichit mon regard, mes exigences, mes choix, mes compréhensions… La Compagnie propose des activités dans lesquelles je me projette en tant que maman. Je dirais que les échanges avec les parents sont différents depuis que je suis devenue maman. J’ai plus d’empathie, je me sens plus ouverte, dans l’acceptation, en capacité d’échanger et trouver des solutions. Mon rapport avec les enfants n’est ni meilleur ni moins bien qu’avant, simplement différent.
– Qu’aimez-vous le plus dans votre métier ?
Ce que j’aime le plus pendant les spectacles, c’est voir le bonheur apporté : voir les yeux des enfants pétiller, c’est tellement précieux ! Pour les ateliers, être témoin de l’évolution des enfants, des prises de confiance, des révélations… Je me souviens d’un petit garçon en échec scolaire et très réservé. Mais au théâtre, sur scène, c’était une révélation ! Au bout de quelques mois, il n’était plus le même. Il avait acquis une réelle confiance en lui et cette « ampleur » s’en est ressentie aussi à l’école par la suite. Une telle transformation, (qui n’est pas un cas isolé !) est tout simplement merveilleuse !
Concernant les tout-petits et les signes avec bébé, c’est de voir certains parents démunis ayant des difficultés pour communiquer avec leur bébé, puis, par la suite recevoir leurs retours disant que les ateliers ont changé leur vie et leurs relations avec leur bébé ! A chaque fois, je n’en reviens pas !
Ce qui m’importe, c’est d’apporter du bonheur et du bien-être aux familles que je croise. Si un enfant s’épanouit, la famille est heureuse et apaisée.
– Comment choisissez-vous les spectacles que vous allez diffuser ?
La Compagnie Maya a trois catégories de spectacles :
. Spectacles intégrant la LSF (pour favoriser la Communication gestuelle)
. Spectacles visuels ou bilingues (pour réunir les publics sourds et entendants)
. Spectacles jeune public et familiaux
Il est primordial que chaque spectacle s’adresse intelligemment aux enfants quel que soit leur âge.
– Vous vous êtes mise à l’écriture d’un livre?
J’ai publié le livre Signer avec son bébé, une communication gestuelle bienveillante en avril 2019. La communication gestuelle renforce la complicité avec son bébé et lui permet de s’exprimer plus tôt grâce à de petits signes ludiques issus de la Langue des signes française. En effet, la motricité fine se développe plus rapidement que la parole.
L’idée du livre est partie de l’envie de transmettre mon expérience de maman et d’animatrice d’ateliers Signes avec Bébé. Le livre contient de nombreuses anecdotes personnelles, ainsi que des retours de familles croisées lors des ateliers. J’ai suivi avec
bonheur certaines familles durant plusieurs années : des familles ont assisté à plusieurs ateliers avec leur aîné puis sont revenues pour découvrir d’autres comptines/histoires à doigts avec le petit frère ou la petite sœur né(e) par la suite !
Le livre est pour moi un outil, un support en plus des ateliers car rien ne remplace l’échange, la rencontre, lors d’un atelier. Se re-plonger ensuite dans le livre (avec son répertoire de 100 signes) est un mémo pour se souvenir des signes vus lors de l’atelier
et aussi pour en découvrir de nouveaux. Le livre présente également 5 comptines gestuelles qui permettront aux parents de s’amuser avec leur tout-petit.
Le livre illustré par Junko Nakamura. Chaque signe est illustré par un schéma clair et précis pour bien comprendre le geste et le reproduire facilement.
– Quelles sont les dernières actualités de la Compagnie ?
L’arrivée des spectacles : Contes enchantés, un spectacle de musique, chant et langue des signes qui mêle le conte, la musique, un kamishibai, des chansons… et Le Petit Facteur des couleurs, un spectacle visuel, poétique, conte et clown, sur le thème des couleurs et des émotions.
Découvrez les plus en détail sur notre site, catégorie « Spectacles ». Puis le développement des ateliers en duo parent-enfant cette année : Yoga, Hip- hop, Théâtre et émotions.
– Quels sont vos futurs projets ?
Je suis dans la préparation d’autres spectacles intégrant la Langue des signes et je souhaite continuer à développer les activités Parent-Enfant avec d’autres thématiques pour la rentrée prochaine.