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Sophie d’Olce, nous explique comme elle travaille avec enfants et parents

–  Quelles sont les qualités à avoir pour travailler avec les enfants ?


L’adaptabilité !!! S’adapter au groupe, à chaque enfant, s’adapter à l’énergie du groupe, qui est différente à chaque fois : un groupe peut être très tonique, ou très doux par exemple. Il est important que chaque enfant ait sa place dans le groupe, de créer une notion de troupe, un collectif ; et c’est l’intervenant qui a cette mission-là.

Pour travailler avec les enfants, c’est comme un puzzle : de l’attention, de l’écoute, de la bienveillance, de la disponibilité et un cadre. C’est seulement à l’intérieur de ce cadre, qu’on peut laisser place à l’imagination et l’inventivité. Ce cadre ne doit pas être présenté aux enfants comme une contrainte, comme quelque chose de restrictif, mais au contraire comme un espace rassurant, de limites/règles à ne pas dépasser, et à l’intérieur, c’est la liberté !

L’intervenant doit avoir beaucoup d’énergie, de patience et de bienveillance pour réussir à embarquer un groupe avec lui. Quand on sort d’un atelier, on est bien fatigué, mais enrichi ! Les enfants nous apportent tellement !

–  Quels sont les risques ?


Il est important de veiller à l’équilibre de chaque enfant : chacun doit trouver sa place. Et il s’agit de présenter l’activité comme un moment de partage et de jeu. Il arrive rarement qu’en cours d’année l’enfant ne veuille plus venir au cours. Et si cela arrive, nous organisons une discussion avec l’intervenant et les parents, afin d’échanger, de mettre des mots sur les sensations de l’enfant qui ne sont pas toujours faciles à verbaliser. Montrer que l’on y prête une grande attention et que l’on essaie de trouver une solution ensemble : cela peut être lié à la peur de ne pas réussir ou au trop grand trac du spectacle de fin d’année, à une réflexion d’un autre enfant du groupe qui aurait échappé à l’intervenant… La communication entre l’enfant, le parent et l’intervenant, est
très importante.

*Le plus grand risque est que l’enfant devienne si passionné qu’il souhaite devenir comédien et en faire son métier !

 

–  Que dire du milieu de l’enfance ? De son évolution ?


Dans les groupes de théâtre, nous avons certains enfants très réservés et ils sont justement inscrits pour prendre confiance en eux, gagner en estime de soi, et leur place dans un groupe. Le passage à la parole n’est pas toujours évident, c’est pour cela que la place du corporel est importante. Nous partons notamment de petits jeux liés à l’espace, à la création de personnages au niveau du corps pour ensuite arriver à la parole : pour toujours rassurer et donner confiance aux enfants.

Certains enfants vont, au contraire, avoir plus de mal à se concentrer et doivent apprendre à canaliser leur énergie, à ne pas se mettre trop en avant par rapport aux autres. Au niveau de l’évolution par rapport au début de la Compagnie Maya il y a dix ans, je trouve que nous avons des enfants de plus en plus éveillés, conscients du monde qui les entoure.

Et concernant l’évolution des parents (!), certains ont de plus en plus tendance à vouloir savoir tout ce qui se passe dans le cours. Or, nous n’acceptons pas de parents durant les cours. Certains parents ont parfois du mal à le concevoir, mais c’est notre choix : c’est un espace pour les enfants, il s’agit de les laisser créer leur propre petite troupe. Cela n’empêche pas que l’intervenant est en échange avec les parents à l’issue de chaque cour.

 

–  Comment recrute-t-on quelqu’un qui souhaite travailler avec les enfants ?


La Compagnie Maya recrute quasiment toujours par connaissance ou recommandation : l’humain est au centre de nos préoccupations. J’organise toujours une vraie rencontre, un temps d’échange et le travail est toujours lancé ensemble. Des bilans sont aussi organisés avec les intervenants pour savoir comment tout le monde se sent, pour connaître les enfants, choisir les textes…

Le bien-être des enfants doit être la préoccupation principale, l’humain est à la même hauteur que la discipline. L’intervenant est engagé envers chaque enfant. Lorsque cela fonctionne bien avec les enfants, c’est très souvent une part d’inné, quelque chose qui ne s’apprend pas vraiment…

–  Comment dirige-t-on un enfant ? Notamment dans l’activité artistique ?


Si l’enfant n’a pas envie de participer, nous ne le forçons pas, nous n’allons jamais mettre de force sur la scène face aux autres, ce qui serait très « violent » et contre-productif. Nous allons choisir de faire passer d’autres enfants avant lui pour lui donner du temps, l’inciter à passer un peu plus tard par exemple. Car il y a la réalité du groupe, l’effet boule de neige : si un enfant ne veut pas participer, un autre non plus, etc. Ce sont toujours des moments délicats et il est important d’être à l’écoute du ressenti de chacun.

On explique toujours aux enfants que nous sommes là pour essayer, pour se tromper et que si ça ne marche pas, ce n’est pas grave ! C’est pour cela qu’on fait des répétitions. Nous travaillons tellement dans la bienveillance que ça n’arrive jamais qu’un enfant se moque d’un autre. Par exemple, pour un enfant très réservé avec une toute petite voix, nous allons transformer sa scène comme si son partenaire avait de gros bouchons dans les oreilles ; c’est par le jeu que l’on y arrive. Autre exemple, si un garçon et une fille doivent se prendre la main, c’est une situation qui peut poser problème à certains âges, il est important de bien expliquer la différence entre les personnages / la scène, et la réalité.

 

– Pourquoi et comment avoir eu l’idée de monter des activités duo parent-enfant ?


En tant que maman, j’avais envie de partager un moment privilégié avec mes enfants ; et il n’existe pas beaucoup d’offres de ce type. Avec la Compagnie Maya, nous avons commencé par le Yoga Parent-Enfant après des discussions avec les parents qui sont très friands de ce genre d’activités. C’est rassurant aussi pour les enfants de ne pas se lancer tous seuls dans
une activité inconnue.

Le fait que ce soit des activités à la séance offre une flexibilité : pas d’obligation, pas d’engagement. Durant l’atelier, parents et enfants sont dans une petite bulle pour partager un moment à deux. Lors de notre activité Théâtre & émotions, certaines familles sont arrivées avec des tensions puis sont ressorties de l’atelier « reconnectées ». Elles s’étaient retrouvées durant l’atelier en ayant partagé une activité artistique.

Tous les parents courent et n’ont pas forcément le temps ou l’espace chez eux pour faire une activité avec leur enfant du début à la fin sans être interrompus. Les activités parent-enfant représentent un temps suspendu. Il existe beaucoup d’activités pour enfants, mais les activités en duo parent-enfant sont plus rares à Paris. Une sortie dans l’échange, le partage, c’est un temps privilégié ensemble. Certains parents disent que quelle que soit la discipline, l’important c’est d’être ensemble. Pour le Hip-hop, certains parents sont parfois hésitants car peu sportifs, mais peu importe, nous ne sommes pas dans la performance : l’idée est de partager un bon moment ensemble !

 

– Quels sont les retours des parents en général ? Et des enfants ?


Ces activités font du bien aux parents comme aux enfants ! C’est le fait d’avoir pris un temps ensemble qui plait. Et ils se réinscrivent très souvent par la suite. Les enfants sont étonnés, ce n’est pas trop dans les habitudes de faire une activité avec son parent. C’est surprenant, mais rassurant, et l’envie de recommencer est là ! C’est chouette !

 

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